Fenêtres sur vie
EAN13
9782848195179
ISBN
978-2-84819-517-9
Éditeur
Éditions Créer
Date de publication
Collection
RECIT
Nombre de pages
448
Dimensions
24 x 16,5 x 3,3 cm
Poids
750 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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EXTRAIT LES CHANTIERS
Les Chantiers ?…  J’en ai beaucoup parlé dans « Le Cheire des Anges ». Bien que le souvenir de ce temps soit resté aussi précis qu’au premier jour, je ne veux pas revenir sur ces jours avec leurs désillusions, leurs misères et leurs tares.
Nous étions partis pensant retrouver ailleurs une ambiance qui rappellerait à très peu près celle du lycée. L’idée était sûrement bonne : camoufler derrière des activités de plein air, une discipline stricte et une formation semi-militaire, les bases de la création d’une nouvelle armée. Et elle avait complètement dérivé de ses espérances : le renoncement des officiers qui, camouflés, attendaient que le drame se joue ailleurs et que le ciel s’éclaircisse, le pouvoir délégué à des sous-ordres où dominaient la mesquinerie, la hargne, la médiocrité, une vie matérielle indigne et l’apparition obligatoire de souffre douleurs dont les étudiants – et nous qui en étions assimilés – étaient les victimes…
J’ignore comment se serait finie l’aventure si – comme souvent – une manifestation du hasard n’était venue l’interrompre. Était arrivé dans notre groupe un jeune, inconnu de nous tous mais déjà célèbre dans le milieu journalistique. Brimé à son tour, il n’avait rien dit mais une série d’articles dans un journal à grand tirage avait « secoué le cocotier », provoqué la visite d’un officier supérieur, fait dégringoler les privilèges et éclater le groupe.
Guillaume était parti muni d’une permission indéterminée pour rentrer les foins, Sigolant avait été affecté à l’équipement du camp et moi, muté à de vagues activités sportives…
Physiquement j’étais très éprouvé mais à vingt ans on récupère vite et j’avais surtout appris que commander était un art, réservé à peu, à très peu et que, dans le monde qui m’entourait la méfiance et la crainte régnaient en maîtresses. La grande majorité de ceux à qui appartenait le pouvoir de décision l’imposaient par la contrainte. Plus tard seulement je comprendrais que c’est sur la conviction qu’il faut l’asseoir !…
Mais là n’était pas l’actualité. J’errais d’un groupement à l’autre, d’un groupe au suivant sans raison apparente et sans tâche particulière : Saint Affrique, Saint Rome de Tarn, Saint Rome de Cernon, Lodève, Murat et j’en ai sûrement oublié...
Ce jour-là, j’étais à Châtel Guyon, toujours dans la même errance. J’attendais – paraît-il – une affectation définitive !…
J’étais en train de remplir je ne sais quel formulaire dans je ne sais quel bureau quand un planton est venu me récupérer :
« Le Chef veut vous voir !… »
J’ai vaguement entendu un nom qui m’a rappelé un souvenir sans que je puisse exactement me rappeler lequel.
J’ai suivi mon guide et échoué dans un bureau qui voisinait avec le ciel. Un peu à l’écart, debout, un verre à la main, un chef haut galonné, bien que paraissant très jeune, me regardait en souriant. Et, dans l’instant, la mémoire m’est revenue.
[...]
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