Avant la bataille

Bruno Arpaia

Liana Levi

  • Conseillé par
    8 juin 2015

    Commissaire à la PJ de Naples, Malinconico est appelé sur les lieux d'un accident de la route. C'est son premier mort et peut-être son premier meurtre. Des témoignages vont dans le sens d'un assassinat et la veuve de la victime lui révèle que son mari, un écrivain, avait décrit la scène dans son dernier récit. La thèse de l'accident emporte pourtant la préférence de ses supérieurs qui d'ailleurs lui assignent une mission un peu spéciale : partir pour le Mexique sur les traces d'un parrain de la Camorra.

    Roman noir plutôt que polar, Avant la bataille vaut surtout pour son ambiance grise et mélancolique, et son héros qui est à l'unisson. Malinconico est un homme déprimé et un flic désabusé qui traîne sa langueur des bas-fonds de Naples jusqu'aux rivages mexicains. Inexpérimenté, le commissaire se fait balader dans une affaire qui le dépasse mais son mal-être ne s'arrête pas là. Il demeure incapable de se stabiliser émotionnellement et sa compagne, lasse de ses dérobades, est en train de le quitter en douceur. Son voyage lui donne l'occasion d'une réflexion sur lui-même et si, au final, il s'est fait manipuler, il y trouve aussi une force, un élan qui augurent d'une volonté nouvelle de bien faire son métier. Bruno ARPAIA pose là les bases d'une future série avec un flic qu'on aura plaisir à connaître mieux, dans une ville qu'il semble aimer beaucoup. Un court roman un peu difficile à aborder mais qui s'avère attachant au final. A suivre.

    Un grand merci à la librairie Dialogues et au club de lecture Dialogues croisés.


  • Conseillé par
    27 février 2015

    De l'extrême gauche à flic, le parcours d'un napolitain...

    Bruno Arpaia nous ballade autant que son héros, d'un continent à l'autre, de la saleté des ruelles napolitaines à la touffeur du Mexique. Il fouille les état d'âme d'un héros qui, obstiné, malgré les embûches, poursuit son idée avec clairvoyance.

    Malinconico peut en avoir des états d'âme : passer de fer de lance du prolétariat à bras armé de l'état, défenseur de la loi bourgeoise, peut laisser des séquelles. Il faut digérer le grand écart et remettre ses idées en ordre de marche, même au prix de sa vie sentimentale. Sa valse hésitation des sentiments, son refus de s'investir dans une relation durable sonnent comme l'aveu qu'il ne veut pas admettre que le changement est définitif, qu'il n'est plus celui qu'il a été et qu'il doit désormais composer, ou, du moins, sembler composer avec sa hiérarchie, les magouilles et la lèpre mafieuse qui rongent Naples.

    Avant la bataille est plus le chemin d'un homme, à un passage précis de sa vie, et une prise de conscience de la décrépitude de son environnement qu'un polar au sens strict du terme. Le roman est drôle, amer, tendre, révolté, jamais mièvre ou larmoyant. Il est habité par une sorte de nostalgie, certainement celle qui hante l'esprit du héros lorsqu'il se remémore ses débuts et ses doutes.

    De la belle littérature, de celle qui parle des hommes et de leurs tourments existentiels mine de rien, en parlant d'autre chose mais qui touche juste. Des hommes et des villes, surtout quand elles sont aussi complexes, secrètes et multiples que Naples.

    Avant la bataille sonne comme une hésitation, une dernière, balayée par la réalité, qui fera du commissaire l'homme qu'il va devenir. Un dernier doute avant la guerre, un regard en arrière avant le saut définitif...

    Totalité de l'article et musique du livre sur Quatre Sans Quatre : http://quatresansquatre.com/article/chronique-livre-avant-la-bataille-de-bruno-arpaia-1423070512