Le Dernier témoin

Songjong Kim

Actes Sud

  • Conseillé par
    2 mai 2015

    Janvier 1972. Dans un coin reculé de la campagne coréenne, un homme sort de prison. Condamné à mort, puis à perpétuité pour le meurtre d'un homme, Hwang Pa'u vient de bénéficier d'une réduction de peine. La soixantaine fatiguée, brisé par les années d'enfermement, il n'a nulle part où aller. Sa femme ne l'a pas attendu, son fils a grandi sans le connaître, sa libération n'intéresse personne. Pourtant, cet événement passé inaperçu va venir s'immiscer dans l'enquête de l'inspecteur O Pyongho, un an après à Munch'ang, dans la province du Cholla du Sud. Le cadavre de Yang Talsu, un cinquantenaire, propriétaire de la plus grande brasserie de la région, a été retrouvé dans un réservoir d'eau. L'affaire piétine et le chef Kim, qui se méfie de la police de Séoul, missionné Pyongho pour la résoudre. L'inspecteur, brisé par la mort de sa femme, met ses dernières forces dans son enquête. Entre deux sévères cuites au soju, il remonte la piste d'un autre meurtre, celui, à Séoul, d'un avocat véreux. Le brasseur et l'homme de loi n'ont en commun que d'avoir vécu à Munch'ang mais le flic tient là un fil qu'il va remonter jusque dans les années 50 et la sombre période de la guerre avec le Nord.

    Considéré comme le tout premier représentant du polar coréen, Songjong KIM livre ici un roman qui fait la part belle à l'histoire de son pays, et plus précisément la guerre fratricide que se livrèrent le Nord et le Sud de 1950 à 1953. L'enquête est difficile pour un inspecteur, qui en cela ne se démarque pas de ses homologues littéraires du monde entier, ravagé par le mal-être et l'alcool. Comme il le constate, l'affaire a eu vingt ans pour s'enraciner profondément dans la terre coréenne, encore gorgée du sang des combattants des deux bords. En 1953, la guerre touche à sa fin. Les communistes sont vaincus mais ne sont pas prêts à rendre les armes. Réfugiés dans les montagne, ils descendent nuitamment dans les villages où ils pillent les champs et les garde-mangers et, à l'occasion, enlèvent un pauvre hère qui servira de porteur et d'esclave. Hagards, proches de l'inanition, ils vivent comme des bêtes, violent les femmes de leur groupes, sont pourchassés par des compagnies de jeunes villageois et se désolidarisent. Certains voudraient négocier la reddition, d'autres veulent se battre jusqu'à la mort. On s'épie, on se méfie. C'est dans ce contexte délétère qu'un crime est commis. Et c'est ce meurtre, vingt ans plus tard, refait surface dans l'enquête d'O Pyongong. Mais comment faire parler les témoins d'un passé que tous veulent enterrer ? Le pays n'a pas encore pansé ses plaies, traumatisé par la guerre et la séparation Nord-Sud. L'inspecteur est persévérant, il ne lâche rien, ne recule devant aucune menace et saura dénoncer les injustices et les vilenies du passé.
    Un bon polar qu'on pourrait presque qualifier d'historique tant il décortique les tenants et les aboutissants de la guerre de Corée. En cela, il est une mine d'informations sur ce conflit assez méconnu. Le rythme est lent mais cela tient surtout à la difficulté pour remonter le passé et au contexte de l'époque. La Corée de 1972 n'est pas encore le pays ultra moderne qu'il est aujourd'hui. L'inspecteur enquête dans des contrées reculées, sans voies de communication. Alors il marche, beaucoup et longtemps.
    Si ce polar s'avère au final passionnant et enrichissant, il souffre tout de même d'un GROS problème de traduction qui n'en facilite pas la lecture. Mais il ne faut pas s'arrêter à cette contrariété, ce serait passer à côté d'un livre sombre mais très original.


  • Conseillé par
    2 mai 2015

    Janvier 1972. Dans un coin reculé de la campagne coréenne, un homme sort de prison. Condamné à mort, puis à perpétuité pour le meurtre d'un homme, Hwang Pa'u vient de bénéficier d'une réduction de peine. La soixantaine fatiguée, brisé par les années d'enfermement, il n'a nulle part où aller. Sa femme ne l'a pas attendu, son fils a grandi sans le connaître, sa libération n'intéresse personne. Pourtant, cet évènement passé inaperçu va venir s'immiscer dans l'enquête de l'inspecteur O Pyongho, un an après à Munch'ang, dans la province du Cholla du Sud. Le cadavre de Yang Talsu, un cinquantenaire, propriétaire de la plus grande brasserie de la région, a été retrouvé dans un réservoir d'eau. L'affaire piétine et le chef Kim, qui se méfie de la police de Séoul, missionné Pyongho pour la résoudre. L'inspecteur, brisé par la mort de sa femme, met ses dernières forces dans son enquête. Entre deux sévères cuites au soju, il remonte la piste d'un autre meurtre, celui, à Séoul, d'un avocat véreux. Le brasseur et l'homme de loi n'ont en commun que d'avoir vécu à Munch'ang mais le flic tient là un fil qu'il va remonter jusque dans les années 50 et la sombre période de la guerre avec le Nord.

    Considéré comme le tout premier représentant du polar coréen, Songjong KIM livre ici un roman qui fait la part belle à l'histoire de son pays, et plus précisément la guerre fratricide que se livrèrent le Nord et le Sud de 1950 à 1953. L'enquête est difficile pour un inspecteur, qui en cela ne se démarque pas de ses homologues littéraires du monde entier, ravagé par le mal-être et l'alcool. Comme il le constate, l'affaire a eu vingt ans pour s'enraciner profondément dans la terre coréenne, encore gorgée du sang des combattants des deux bords. En 1953, la guerre touche à sa fin. Les communistes sont vaincus mais ne sont pas prêts à rendre les armes. Réfugiés dans les montagne, ils descendent nuitamment dans les villages où ils pillent les champs et les garde-mangers et, à l'occasion, enlèvent un pauvre hère qui servira de porteur et d'esclave. Hagards, proches de l'inanition, ils vivent comme des bêtes, violent les femmes de leur groupes, sont pourchassés par des compagnies de jeunes villageois et se désolidarisent. Certains voudraient négocier la reddition, d'autres veulent se battre jusqu'à la mort. On s'épie, on se méfie. C'est dans ce contexte délétère qu'un crime est commis. Et c'est ce meurtre, vingt ans plus tard, refait surface dans l'enquête d'O Pyongong. Mais comment faire parler les témoins d'un passé que tous veulent enterrer ? Le pays n'a pas encore pansé ses plaies, traumatisé par la guerre et la séparation Nord-Sud. L'inspecteur est persévérant, il ne lâche rien, ne recule devant aucune menace et saura dénoncer les injustices et les vilenies du passé.
    Un bon polar qu'on pourrait presque qualifier d'historique tant il décortique les tenants et les aboutissants de la guerre de Corée. En cela, il est une mine d'informations sur ce conflit assez méconnu. Le rythme est lent mais cela tient surtout à la difficulté pour remonter le passé et au contexte de l'époque. La Corée de 1972 n'est pas encore le pays ultra moderne qu'il est aujourd'hui. L'inspecteur enquête dans des contrées reculées, sans voies de communication. Alors il marche, beaucoup et longtemps.
    Si ce polar s'avère au final passionnant et enrichissant, il souffre tout de même d'un GROS problème de traduction qui n'en facilite pas la lecture. Mais il ne faut pas s'arrêter à cette contrariété, ce serait passer à côté d'un livre sombre mais très original.