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    28 février 2014

    Guerre mondiale, 1914-1918, après-guerre

    Nous avions eut des grands romans sur la Guerre de 14-18, nous avons maintenant LE Grand Roman de l'après-guerre.
    Se plaçant dans toutes les couches de la société, l'auteur décrit non seulement le chaos de la démobilisation, mais également le monde nouveau qui s'ouvre aux ambitieux de tout poils.
    J'avais toutefois espéré un vrai méchant en la personne de Pradelle, un genre de psychopathe patibulaire. Légère déception.
    En revanche, le personnage d'Edouard n'a cessé de m'intriguer et de me plaire, allant jusqu'au bout de la destruction.

    Quelques phrases à l'accent céliniens m'ont faites sourire, mais l'auteur retrouve vite la plume qui a fait son succès.
    L'image que je retiendrai :
    Celle des masques d'Edouard, de plus en plus travaillés et détaillés, à la limite du Grand Guignol.
    Une citation :
    "Même les grandes joies vous laissent un peu de regret, il y a un fond de manque dans tout ce qu'on vit." (p.283)
    Blog du lecteur


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    5 octobre 2013

    Tout d'abord, force est de constater que ce roman est très bien écrit. La construction est classique mais cela convient bien au thème. Pierre Lemaître nous montre ce que sont devenus ces poilus qui dérangeaient après la guerre, et il sera bien difficile d'oublier le personnage d'Edouard, cette gueule cassée qui va se cacher derrière des masques tous plus voyants les uns que les autres. L'auteur appuie là où ça fait mal, dénonce le trafic qui a accompagné la recherche des corps, ces gens qui se sont enrichis sur le dos des morts. Il décrit aussi le manque qui suit l'absence d'un être qu'on avait pourtant rejeté. On s'attache à Albert, Edouard et à sa famille et j'ai vraiment beaucoup aimé l'importance des masques dans ce roman, ainsi que la façon d'aborder l'homosexualité. Si j'ai un reproche à faire à l'auteur, c'est que, si j'aime qu'un auteur me mène en bateau, je n'aime pas qu'il me mente et c'est ce qu'il fait là dans les premières pages.


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    2 octobre 2013

    Un nouveau Pierre Lemaitre en pleine rentrée littéraire, je ne pouvais pas le manquer. L’auteur sort du polar et nous amène dans un roman ayant pour décor l’après-guerre de 14. Je ne pense pas que je l’aurais lu si ça n’avait été Pierre Lemaitre, les romans qui racontent la guerre en général je les fuis et je m’en passe très bien. En plus de peu m’intéresser, ça me déprime et ça m’assomme. Mais il suffit parfois d’un nom d’auteur pour qu’on revoie ses exigences. On se dit qu’on va faire un effort parce que ce serait bête quand même de passer à côté.

    Ce livre a deux faces. La première est romanesque : Pierre Lemaitre a l’art de créer des histoires, il façonne ses personnages avec justesse, il créé des intrigues réalistes et ferre son lecteur grâce au suspense. Ici on rencontre Albert et Edouard sur le champ de bataille quelques jours avant l’armistice, ils réchappent à la boucherie de la grande guerre qui les liera d’un attachement profond et complexe. Avec le peu d’attention que la patrie leur accorde, ils vivront dans la misère jusqu’à ce qu’une idée de truand germe et s’épanouisse. Ces deux personnalités là sont particulièrement bien brossées. J’ai ressenti une affection particulière pour chacun d’eux, Albert le loser qui garde les pieds sur terre sur qui plane l’ombre de sa mère, Edouard le rêveur, l’excentrique sur qui plane l’ombre de son père. Mais les autres personnages ne sont pas en reste : Monsieur Péricourt, riche, exigeant et protecteur, Madeleine portait de femme solide et touchante, Cécile la petite bonne qui rêve une autre vie ou encore Merlin, ce fonctionnaire aigri dont j’ai beaucoup aimé le coup de maître ! Je m’arrête là mais le roman est truffé de figures singulières toutes plus savoureuses les unes que les autres même si je trouve que l’auteur a parfois la main lourde au niveau des caricatures… (mais ça devient un peu une marque de fabrique, non ?). Tout ce petit monde créé une ambiance particulière, on s’y croirait, on aurait envie d’intervenir dans leur vie, bref, l’intrigue et l’atmosphère sont bel et bien là et le roman se transforme peu à peu en une espèce de tragédie digne des plus grands scénarios.
    Et puis l’autre face de cet ouvrage c’est qu’il fait prendre conscience d’une facette de ce qu’a été l’après-guerre de 14. Plus d’un million et demi de morts, les soldats revenus vivants -les poilus- laissés pour compte par leur pays -on préfère célébrer les morts plutôt que les vivants-, l’énorme business et les escroqueries qu’ont engendré ces quatre années de bataille avec par exemple des cercueils d’1m30 pour des gars de taille normale. On prend conscience de certaines choses, on a un point de vue nouveau sur ce passé et on lit ce livre comme si on y était.
    Alors même si je n’aime pas les romans sur la guerre et même si j’ai trouvé que parfois il y avait un peu trop de répétitions (traits de caractères, rappels de l’intrigue,…), je suis bien contente d’avoir lu celui-là et je salue monsieur Lemaitre pour cet hommage à ces soldats et à Jean Blanchard fusillé à tort en 1914 qui a fourni le titre du roman. (tiens, ça amène à une réflexion sur la peine de mort ça, non ?…)


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    21 septembre 2013

    2 novembre 1918, le soldat Albert Maillard est sauvé de la mort par le soldat Edouard Pericourt. Ce dernier en aidant bravement son camarade est blessé grièvement au visage. A partir de ce moment, Albert va veiller sur Edouard à la gueule cassée et les deux hommes vont devenir inséparables.


    S’en suit l’armistice et des hommes démobilisés dont la France ne sait que trop que faire. Pour la famille riche et aisée d’Edouard, celui-ci est mort au combat. A la demande d’Edouard, Albert a falsifié des documents. Un autre homme est au courant : le lieutenant Henri d'Aulnay-Pradelle qui est élevé au rang d’héros. Pourtant, il n’a que l’étoffe d’un arriviste peu scrupuleux et avide d’argent. Il s’est marié à la sœur d’Edouard pour profiter du carnet d’adresse influent de son beau-père. Son épouse n’est pas dupe de ses liaisons et son beau-père le considère comme un bon à rien. Et Pradelle a flairé un bon filon car le pays se retrouve avec des milliers de morts entassés dans des charniers à qui l’on doit offrir un lieu de repos décent. Son entreprise remporte le marché et il s’enrichit de manière écœurante. Sans regret ni morale. Pendant ce temps, Edouard et Albert survivent misérablement. Edouard est devenu accro à la morphine et Albert enchaîne les petits boulots pour lui en procurer. Il n’a pas retrouvé sa place de comptable d’avant guerre et sa fiancé l’a remplacé. La mère patrie les a oubliés financièrement et socialement tout comme leurs concitoyens. Edouard ne se montre jamais, gueule cassée dont ce qui reste de visage est effrayant. Il ne dessine plus alors que c’était son grand plaisir. La France occupée par ses soldats morts lance un appel d’offre pour des monuments aux morts. Et Edouard a une idée, une escroquerie qui leur permettra à lui et à Albert d’être riches grâce à son don de dessinateur. Je n’en dirai pas plus sur l’histoire, ni pourquoi Albert veut se venger de Pradelle depuis cette journée du 2 novembre 1918.

    Ce roman est fichtrement bien rythmé et l’auteur nous immerge dans cette période de l’après Grande Guerre. Grise, peu glorieuse avec l’argent fait sur le dos des morts, les arnaques, les magouilles entre personnes des mêmes cercles au bras long. Avec une écriture vive qui crisse aux oreilles ou qui sait se faire diablement cynique pour nous interpeller, les pages se tournent à toute allure !

    Un roman avec un vrai suspense, un contexte historique creusé. Certains diront que ces trois personnages ont tout des deux gentils et du méchant. Ce serait nier le talent de Pierre Lemaitre qui nous campe des personnages plus vrais que nature et qui nous réserve des surprises.
    L'auteur habitué à jouer avec nos nerfs, à nous glacer le sang et à nous tenir en haleine a habilement retourné sa veste d’écrivain dans un genre où je je l’attendais pas en nous offrant un premier roman.
    Un vrai plaisir de lecture sur toute la ligne! Je me suis régalée!


  • Conseillé par (Libraire)
    4 septembre 2013

    L'art de la galère

    À la vie à la mort, les aventures de deux amis inséparables. L'un est riche, l'autre pauvre. Rien, sinon la guerre, ne les destinaient à se connaître. Et pourtant... À la suite d'une première scène ( -à couper le souffle!) leurs destins se trouvent irrémédiablement liés. L'histoire commence quelques jours avant l'armistice de 1918 et se poursuit dans la France de l'immédiate après-guerre. Tandis que les anciens poilus des tranchées peinent à survivre, la France reconnaissante compte et honore ses morts. C'est sur ce malentendu que nos deux compères comptent bien se reconstruire....

    Difficile de lâcher ce livre une fois qu'on l'a ouvert. C'est facile à lire, bien construit, avec des chapitres courts et ce qu'il faut d'intrigue et de rebondissements pour vous tenir en éveil jusqu'au bout de la nuit. À situer quelque part entre le Céline des débuts et les aventures des Pieds Nickelés, un passionnant roman sur la folie guerrière et étatique.


  • Conseillé par
    20 août 2013

    Après ses thrillers bien construits, Pierre Lemaitre nous entraîne sur les champs de bataille de la fin de la première guerre mondiale et le retour à la vie civile, avec les difficultés, de deux « gueules cassées »...

    Une intrigue efficace, des descriptions hallucinantes et une dose d'humour noir.
    A lire absolument!